Le Club Bruges peut écrire l’histoire 31 ans après au PAOK : le successeur de Noa Lang et Onyedika sortent de l’ombre au meilleur moment
Les Blauw en Zwart vont en Grèce pour décrocher la première demi-finale européenne d’un club belge depuis 1993.
- Publié le 18-04-2024 à 09h07
Ce sera un enfer. “L’Enfer noir” même, comme est surnommé le stade Toumba du PAOK, dont les 28 000 places sont toutes parties comme des petits pains. Vu l’occasion, il serait surprenant que les supporters locaux ne sortent pas leur fameux “cercle de feux (de Bengale)”. Pour ce déplacement à Salonique, le Club a conseillé à ses supporters de ne pas porter les couleurs de l’équipe à l’extérieur du stade. Ce sera chaud. Très chaud.
Comme le veut le cliché, les Blauw en Zwart évolueront à 11 contre 12. Que le PAOK n’ait pas encore perdu à domicile en Conference League cette saison n’est pas dû au hasard non plus. Sans compter que Nicky Hayen devra composer sans Maxim De Cuyper, Igor Thiago, Brandon Mechele et Jorne Spileers. Alors que Simon Mignolet, Denis Odoi, Casper Nielsen et Andreas Skov Olsen sont incertains, la question est évidemment de savoir qui sera associé au jeune Joel Ordonez dans l’axe de la défense.
Les Brugeois, revigorés depuis la trêve, pourront au moins compter sur l’avantage obtenu au match aller. “Nous aurions dû en inscrire plus”, a avoué Michal Skoras. Le Polonais qui, à l’image de Raphael Onyedika, est un des deux grands gagnants du changement de coach juste avant les Champions playoffs. Contrairement à Ronny Deila, Hayen compte sur le Polonais et le Nigérian qui (re) trouvent des couleurs à point nommé : juste au moment où le Club Bruges peut offrir à la Belgique une première demi-finale européenne en 31 ans. La qualification rapporterait en plus 2 millions € dans les caisses.
Skoras n’est plus un figurant
Le public le voulait depuis longtemps
Franchement, l’étiquette aurait été difficile à porter pour n’importe qui. Parce qu’être attiré en Venise du Nord, contre 6 millions €, pour combler le vide laissé par Noa Lang fixe la barre bien haut. Toujours est-il que Skoras n’avait pas non plus un CV complètement vierge en débarquant. Avec le Lech Poznan, la saison dernière, l’ailier avait fait trembler les filets à 16 reprises et délivré 8 assists toutes compétitions confondues, tout en accompagnant l’équipe nationale polonaise à la Coupe du monde.
Pour le premier match de Pro League de la campagne, à Malines, Deila avait choisi de lui faire confiance, avant que Philip Zinckernagel ne signe. Une fois que l’ancien Standardmen est arrivé au Jan Breydel, Skoras n’a eu droit qu’à de (très) courtes montées au jeu. Tandis que les supporters appréciaient sa débauche d’énergie et son impact, il a tout de même été question d’un transfert manqué à un moment. “Mes premiers mois n’étaient pas faciles, a-t-il avoué. Le niveau à l’entraînement est si élevé. Mais regardez : maintenant je suis prêt.”
Le stage hivernal lui a fait du bien et lui a permis de jouer des coudes avec ses concurrents que sont Zinckernagel, Antonio Nusa et Skov Olsen. C’est surtout le premier qui n’a fait qu’alterner le chaud et le froid qui est la victime de la montée en puissance de Skoras. Le Polonais a commencé les cinq derniers matchs. Contre l’Antwerp, dimanche, il a été élu homme du match, s’offrant un but aussi. Face à Anderlecht, il a délivré deux assists une semaine plus tôt. “La grande différence pour moi ? Je me balade avec un sentiment fantastique parce que je commence les matchs.”
Onyedika n’est plus une option par défaut
Son mentor pense qu’il peut atteindre le sommet
Un autre homme a pris une tout autre dimension depuis l’arrivée d’Hayen : Onyedika a retrouvé son niveau d’antan. Celui de sa première saison à Bruges, quand il avait surtout été impressionnant, lors de cette fameuse campagne en Ligue des champions avec Carl Hoefkens. Celui qui faisait du Nigérian un pare-chocs idéal devant la défense du Club, qui jouait vers l’avant, qui infiltrait… S’il avait obtenu le penalty (manqué) face au PAOK, le milieu a aussi été déterminant en championnat. Ce n’est pas pour rien qu’il est, avec trois réalisations, le meilleur buteur des Champions playoffs.
Sous Deila, les qualités d’Onyedika étaient loin d’être utilisées de manière optimale. Le Norvégien le déployait plus par défaut que par véritable conviction. Dénué de toute confiance, le Nigérian ne tournait pas à 100 % contrairement à aujourd’hui. Celui qui a grandi dans des conditions plus que difficiles dans la ville d’Onitsha, avec cinq frères et sans son père dès ses 2 ans, attise les convoitises. Un départ cet été est même une option. “Je suis sûr qu’il peut atteindre le sommet”, pense carrément Churchill Oliseh. Le frère de Sunday l’a repéré à 15 ans quand Onyedika jouait encore à pieds nus, avant de l’emmener au FC Ebedei. “Il m’appelle parfois 'dad'. Je suis comme un père pour lui.”
Son rôle sera d’autant plus déterminant ce jeudi devant une défense expérimentale.